Traité de coopération France-Italie, attention danger

Ce traité de coopération renforcée entre notre pays et l’Italie, contient plusieurs mesures dont beaucoup d’entre elles recueillent notre approbation. Mais, comme je me plais souvent à le dire, il y a le texte et le contexte et nous ne pouvons donc ignorer ici les résultats des récentes élections italiennes.

La devise de l’Europe « Unie dans la diversité » est une belle devise mais elle risque d’être malmenée avec l’arrivée au pouvoir en Italie d’une coalition de droite au sein de laquelle on trouve « les Frères d’Italie », un parti d’extrême droite issu de la mouvance postfasciste.

La présidente de ce parti, Madame Georgia Meloni, est aujourd’hui la 1ère ministre italienne et cela n’augure rien de bon à notre sens.

Parmi les nombreuses mesures de ce traité de coopération bilatérale renforcée, figure un durcissement des règles migratoires entre nos deux pays.

Or, Madame Meloni milite en faveur d’une politique migratoire très stricte, et plaide pour la fermeture des ports afin d’empêcher les navires d’ONG de débarquer des migrants. Elle entend par ailleurs multiplier les centres de surveillance et les expulsions.

À titre d’exemple, en août 2019, elle a fait la démonstration d’une rigidité glaciale : alors que le navire de l’ONG Espagnole « Proactiva Open Arms » transportait 147 migrants à son bord, les partis politiques italiens se sont déchirés sur leur accueil en Italie. Face à cela, Madame Meloni avait proposé une réponse inquiétante : celle de créer un blocus naval qui empêcherait l’embarquement des migrants depuis la Libye ou la Tunisie.

De plus, le traité présente une source d’inquiétude supplémentaire : la coopération pour une politique migratoire est appréhendée sous un prisme répressif et non solidaire. En effet, ce traité n’envisage aucune proposition pour organiser des opérations de sauvetage conjointe des migrants comme « l’opération Mare Nostrum » lancée après le drame de Lampedusa en 2013.

Cette vision conduit à des situations dramatiques. Ainsi, depuis plusieurs années on ne compte plus le nombre de migrants morts en Méditerranée, devenue un véritable cimetière. Le rapport de l’agence de l’ONU pour les migrations répertorie 2 836 décès et disparitions sur la route de la Méditerranée centrale depuis 2021. Et nous craignons que les positions de la nouvelle 1ère Ministre ne fassent qu’agrandir cet enfer.

Les choix politiques anti-immigration portés par Madame Meloni ne rendent pas hommage à l’histoire ; à celle de l’Italie ; à la richesse et à la diversité de la culture et des cultures et à l’apport de cette diversité pour le rayonnement de ce pays.
Comme je l’ai précisé, ce traité de coopération entre nos deux pays -et je dirais même entre nos deux peuples- est acceptable sur un certain nombre de mesures. Mais comment ignorer cette épée de Damoclés qui plane sur le devenir de celles et ceux qui quittent leur pays pour fuir la guerre, la famine, le réchauffement climatique, l’atteinte à leur dignité humaine ...

Les choix de Madame Meloni ne tendent pas la main : « Une main ouverte, des yeux attentifs, une vie : la vie à se partager » comme l’écrivait le poète Paul Éluard.

C’est la raison pour laquelle nous nous abstiendrons sur ce texte.

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