Affaires européennes

Pour la reconnaissance de l’État palestinien

Débat préalable au Conseil européen des 14 et 15 décembre 2023 -

14 décembre 2023

La semaine dernière, le secrétaire général des Nations unies a invoqué, pour la première fois depuis un demi-siècle, l’article 99 de la charte des Nations unies à propos de la situation à Gaza. Autre fait rare, les agences onusiennes, unanimes, ont dénoncé les 160 enfants tués par jour, les risques de famine et la mort de 100 agents de l’organisation et de 50 journalistes.

Malgré cela, les dirigeants américains ont opposé leur veto à la proposition de résolution appelant à un cessez-le-feu, contre leur peuple. Partout, des milliers d’hommes et de femmes crient leur révolte contre le massacre de Palestiniens. La France s’honorerait à dénoncer la position américaine. Médecins sans frontières estime que le veto des États-Unis les rend complices du carnage. La France exprimera-t-elle des regrets ou une condamnation ? Une résolution européenne est-elle prévue pour condamner cette décision irresponsable des États-Unis, qui se rémunèrent sur les dividendes de la guerre ?

Hier, l’Assemblée générale des Nations unies a voté une résolution pour la protection des civils et le respect du droit humanitaire, bloquée par les États-Unis et Israël. Il faut une initiative concrète de la France, pour reconnaître l’État palestinien selon les frontières de 1967. L’Assemblée nationale et le Sénat ont voté en faveur de cette reconnaissance. Le gouvernement espagnol de Pedro Sanchez essaie de convaincre l’Union européenne de faire de même, alors que 138 pays sur les 193 que compte l’ONU en ont déjà fait autant.

Plus d’une vingtaine de rapporteurs des Nations unies ont réitéré leurs inquiétudes sur un génocide en cours et une seconde Nakba. Une frégate française a été ciblée par un drone yéménite. Agir pour la paix est un devoir urgent ! Le cessez-le-feu doit être exigé. La suspension de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël est un moyen de pression concret. Ne pas le faire nous rend complices de la faillite morale des belliqueux.

L’administration européenne - Josep Borrell en tête - qualifie la situation à Gaza d’apocalyptique et compare les destructions à celles des villes allemandes pendant la Seconde Guerre mondiale. Quelles aides européennes seront mobilisées, en urgence, puis pour la reconstruction ?

Nous avons su sanctionner la Russie. Ne souffrons pas d’une indignation sélective en fonction de la religion, de la proximité avec notre sol ou de tout autre prétexte pour taire notre humanité commune. Dans notre pays qui compte les plus importantes communautés musulmanes et juives d’Europe, l’immobilisme risque d’aggraver nos fractures.

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