Affaires européennes

Un conflit avec la seconde puissance nucléaire mondiale n’est pas une option

Débat préalable à la réunion du Conseil européen des 21 et 22 mars 2024 -

19 mars 2024

À chaque jalon de la construction européenne, on nous vante l’Europe sociale et la paix. Mais après avoir sacrifié la politique sociale sur l’autel de l’austérité et de la libre concurrence, l’Union européenne prépare la guerre. La ligne de front s’est gelée. La guerre a jeté 4 millions de personnes sur les routes ukrainiennes, 6 millions sont en exil.

L’Union européenne doit élaborer une solution globale de sécurité en Europe et s’affranchir de la ligne atlantiste. Les coups de menton du Président de la République, à Prague, au journal télévisé, dans Le Parisien, sont rejetés par les dirigeants européens, alors qu’il s’agit d’un travail pour faire prendre conscience aux Français que la guerre contre la Russie est inévitable.

Mais un conflit avec la seconde puissance nucléaire mondiale n’est pas une option. La paix est une nécessité existentielle pour la France, l’Europe et l’humanité. Notre jeunesse ne doit pas aller au front.

La directive dite méga-camions, adoptée le 12 mars dernier, recueille la majorité des voix des groupes PPE, où siègent les républicains, Renew, avec la majorité présidentielle, et des socialistes et démocrates. Or ces camions de 60 tonnes, longs de 25 mètres, de véritables immeubles roulants, sont un désastre écologique neuf fois plus polluant que le rail, auquel les États membres ne pourront s’opposer.

Faute d’investissement et de sortir de la logique du tout-routier, le fret déraille, avec un volume en baisse de 43 % et Fret SNCF en crise depuis l’ouverture à la concurrence. Une étude commandée par les entreprises ferroviaires prévoit une chute de 21 % supplémentaires des volumes transportés à cause de la directive et de moins 16 % du transport combiné. Les 900 millions d’euros des contrats de plan État-Région (CPER) n’y changeront rien : un fret sans client, la belle affaire ! À quoi bon inaugurer la ligne Calais-Turin pour la mettre en concurrence avec ces mastodontes ?

Monsieur le ministre, confirmez-vous, comme M. Vergriete, que le report modal est une priorité du Gouvernement ?

Toujours sur l’écologie, sous la pression du patronat et des géants de la finance, et avec la complicité de la France, le secteur financier est exonéré de tout contrôle a priori sur ses prêts et investissements. La finance verte est une fumisterie : aucune conditionnalité climatique des rémunérations des dirigeants. Les actions gratuites se déverseront encore par milliards. Courroie de transmission des lobbies, confirmez-vous que la France a dénaturé une directive qu’elle avait pourtant soutenue ?


Bio Express

Éliane Assassi

Sénatrice de Seine-Saint-Denis - Présidente du groupe CRCE
Membre de la commission des Lois
Elue le 26 septembre 2004
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