L’Europe s’enfonce dans la voie de l’austérité

A l’occasion du Sommet de la zone euro, hier, l’Europe aurait fait preuve de « solidarité », en mettant à contribution les marchés financiers, et le secteur privé (c’est-à-dire les banques et les compagnies d’assurance) pour boucler le second « plan de sauvetage » de la Grèce.

La vérité est à la fois plus simple et moins séduisante.

Plus simple parce que, en contrepartie de leur intervention, les gouvernants européens, avec Nicolas Sarkozy et Angela Merkel à la manœuvre, la Banque centrale et le Fonds Monétaire International vont imposer une cure d’austérité sans précédent non seulement au peuple grec, mais à l’ensemble des peuples européens.

Baisses de salaires, chute des pensions et des allocations, réduction draconienne des dépenses publiques, voilà le régime promis à des degrés divers aux peuples européens.

Moins séduisant parce que le soulagement des marchés financiers est fort compréhensible : c’est qu’ils ont l’assurance de toucher le capital et les intérêts de la dette grecque, puisque le soutien européen promis ne vise qu’un objectif, celui de payer à la place de la Grèce si elle est en difficulté pour le faire.

Voilà à quoi serviront les 158 milliards d’aide annoncés : assurer une garantie de paiement aux banquiers, aux marchés, aux compagnies d’assurance qui se nourrissent des dettes publiques, qui spéculent contre les Etats et sur la monnaie unique !

La crise en cours montre au moins trois choses : un, l’euro et la politique monétariste entretiennent la spéculation financière ; deux, il est temps de repenser le rôle de la Banque centrale européenne et de lui permettre d’accorder aux Etats les avances de fonds nécessaires au développement de chaque pays de la zone euro ; trois, il est plus que temps que les marchés financiers soient taxés pour leurs attaques spéculatives sur les dettes souveraines. Il est regrettable que l’idée d’une taxe bancaire ait été abandonnée hier.

Il faut prendre à contrepied cette politique récessive et dégager les moyens d’accorder des financements nouveaux pour les politiques publiques, symbolisées par le pacte euro+, qui seules sont porteuses de croissance et d’emploi.
Ce « sauvetage » à courte vue n’empêchera donc pas le naufrage si le redémarrage de l’économie n’est pas encouragé par une politique volontariste de croissance. Les dirigeants européens ont fait une nouvelle fois le choix des intérêts financiers plutôt que celui du développement.

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