Il ne faut pas compter sur la main invisible : elle ne protège jamais les plus faibles, producteurs ou consommateurs !

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, dans trois semaines, cela fera quatre ans que le Président de la République a prononcé le fameux discours de Rungis. À l’époque, certains avaient salué une révolution dans le discours en matière de politique agricole, puisque celui-ci posait la question de la construction des prix et celle de la protection sanitaire, dont il faisait les enjeux au cœur de la future loi Égalim.

Je me souviens d’ailleurs très bien de l’attente réelle qui se faisait jour dans les discussions avec un certain nombre d’agriculteurs, y compris au sein de différentes organisations syndicales du monde agricole, que soit enfin posée la question des prix.

Quatre ans après, nous discutons de la loi Égalim II parce que la question que nous avions tous posée, au travers d’interventions plus ou moins fortes, de construire un prix réellement protecteur pour les deux côtés de la chaîne – d’abord, pour les agriculteurs, à savoir pour celles et ceux qui travaillent et qui, parfois, peuvent perdre toute leur production en quelques heures à la suite d’un coup de gel ; ensuite pour la population, qui aspire à bien manger – n’a jamais été réellement traitée jusqu’au bout. Il s’agissait pourtant d’éviter qu’une véritable fracture sociale alimentaire ne se fasse jour dans notre pays.

Certes, cette proposition de loi comporte des avancées, mais celles-ci demeurent insuffisantes. Nous essaierons d’aller plus loin en défendant un certain nombre d’amendements à l’article 1er. Nous demeurons en effet convaincus que la main invisible ne protège jamais les deux maillons les plus faibles de la chaîne.
Il y a donc urgence.

Finalement, trois ans après le vote de la loi Égalim I, chacun se souvient davantage des discussions sur le nombre de repas avec ou sans viande par semaine dans les cantines plutôt que des débats sur la manière d’instaurer un travail réellement rémunérateur pour les agriculteurs.

Il ne s’agit pas simplement de légiférer sur les publicités dans les supermarchés et autres, même si cette question peut avoir son importance, mais il s’agit de reprendre cette problématique en toute transparence afin que les agriculteurs, en tout premier lieu, puissent avoir la maîtrise de la construction des prix.

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