Le baccalauréat en contrôle continu doit rester une exception dans un contexte inédit

La crise sanitaire que nous vivons vient percuter la scolarité des élèves, déjà soumise à une multiplication de réformes, dont certaines largement sous-préparées.

Ainsi, après les épreuves communes de baccalauréat de janvier dernier marquées par des retards et des problèmes d’organisation, le ministère a multiplié les messages indiquant un maintien de l’ouverture des établissements. Pour au final une fermeture en urgence et une communauté éducative mise devant le fait accompli et le défi d’organiser, en quelques jours, une continuité pédagogique et des enseignements sans moyen supplémentaire.

A ce titre, l’engagement sans faille des enseignants dans le suivi des élèves permet d’atténuer les conséquences indésirables de l’enseignement à distance mis en œuvre, sans pour autant pleinement les éviter. Ainsi, Jean-Michel Blanquer déclare lui-même que 5 à 8% des élèves, soit presque un million de jeunes, sont aujourd’hui en rupture avec leur établissement. Ces chiffres, que certains considérèrent sous-estimés, montre une nouvelle fois l’urgence de s’atteler à retisser le lien entre les élèves, les familles et l’institution scolaire. La mise en place d’un parcours à la carte, multipliant les architectures d’enseignement et le nombre d’enseignants mobilisés sur une classe complique encore un peu plus la tâche d’enseignants.

A cette difficulté structurelle s’ajoute un nombre important de difficultés matérielles. Ainsi, la continuité pédagogique mise en œuvre ne peut qu’aggraver les inégalités. Inégalités d’accès au matériel informatique malgré l’engagement de collectivités et d’associations d’abord, inégalités de maîtrise des outils ensuite, inégalités d’environnements d’études enfin, un certain nombre d’élèves sont aujourd’hui en incapacité de suivre leurs enseignements. Dans ce contexte, cette période de confinement ne doit pas servir à poursuivre les enseignements, mais bien à consolider les apprentissages pour permettre à celles et ceux qui le peuvent de rattraper leurs retards. De la même manière, le ministère doit dès à présent prévoir des moyens supplémentaires pour qu’à la rentrée soit organisées des sessions de remise à niveau, notamment pour les élèves ne pouvant suivre les enseignements durant le confinement.

Ce matin, Jean-Michel Blanquer a présenté à la presse les modalités de passage du brevet et du baccalauréat. Si nous nous félicitons que la demande des organisations de parents d’élèves comme des syndicats enseignants que le contrôle continu soit soumis à un jury d’examen ait été prise en compte, plusieurs questions restent en suspens.

L’assiduité et la motivation seront largement prises en compte par les jurys. Il est essentiel que soient considérées les situations particulières des élèves, et notamment leurs difficultés d’accès aux enseignements à distance.

L’oral de français en première ainsi que les oraux de rattrapage sont pour l’instant maintenus alors que rien n’indique que la situation sanitaire le permettra sur l’ensemble du territoire. A ce titre, la session de remplacement de septembre devra être anticipée, notamment pour les rattrapages dans la mesure où l’oral de français concerne la session 2021 du baccalauréat.

Questionnement aussi sur la prise en compte des notes de la spécialité abandonnée en fin de première et suivie, au final, à peine six mois. Le principe retenu pourrait être largement défavorable à des jeunes qui n’avaient aucunement l’intention d’approfondir l’enseignement, certains pour des questions de niveau.

Enfin, nous porterons une attention toute particulière aux élèves suivant un cursus professionnel et technologique. D’une part parce que le type d’enseignement y est par définition encore plus compliqué à distance, d’autre part parce que ce sont précisément dans ces filières que sont scolarisés le plus d’enfants de familles populaires.

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