Une loi de gestion de la pénurie qui exclut 200 000 jeunes

Il y a un an, E. Macron considérait que « l’université [n’était pas] la solution pour tout le monde ». La ministre de l’enseignement supérieur, grâce à la loi « Orientation et réussite des étudiants », a parfaitement respecté cette feuille de route : près de 200 000 jeunes n’accéderont pas à l’enseignement supérieur pour cette rentrée 2018.

Malgré les manipulations de chiffres, les dénis et les efforts de communication, la réalité de la sélection réalisée par le dispositif Parcoursup apparaît dans toute son ampleur avec la fin de la première phase : plus de 180 000 candidat-e-s ont quitté la procédure sans affectation, près de 40 000 n’ont pas eu de proposition et près de 8 000 sont à la recherche d’une place dans l’enseignement supérieur et ont saisi les commissions rectorales.

La France est un des rares pays d’Europe pour lequel la dépense moyenne par étudiant baisse depuis dix ans. À ce déficit chronique s’ajoute une hausse de la démographie et l’arrivée d’environ 60 000 bacheliers supplémentaires. Nul ne conteste que l’enseignement supérieur aurait besoin d’un milliard d’euros de moyens supplémentaires pour les accueillir et remettre à niveau les capacités des établissements de l’enseignement supérieur. Face à cette urgence, le Gouvernement a fait le choix politique de gérer la pénurie en permettant aux universités de sélectionner les étudiant-e-s qu’elles souhaitent recevoir. Le groupe CRCÉ a dénoncé le manque de transparence des critères et les modalités sociales de cette sélection. Le Défenseur des Droits, J. Toubon, s’est saisi de ce dossier et a lancé une instruction sur ces procédures d’admission.

Avant la fin du mois, le groupe CRCE exigera du Gouvernement des données quantitatives et qualitatives précises sur les conditions de mise en œuvre de Parcoursup et de la prise en charge des bacheliers qui ont été exclus de l’enseignement supérieur. Comme nous l’avions dénoncé lors du débat au Sénat, il ne fait aucun doute que les bacheliers professionnels sont les premières victimes de cette sélection. En première analyse, il semble que 80 % des candidats qui n’ont reçu aucune proposition proviennent des filières professionnelles. Le ministère de l’Éducation nationale propose pour l’instant à une partie d’entre eux de patienter une année de plus dans des « classes passerelles ».

À l’occasion de la discussion budgétaire prochaine, le groupe CRCE fera des propositions concrètes pour faire de l’enseignement supérieur une priorité politique nationale et permettre à tous les bacheliers qui le souhaitent d’y poursuivre leurs études.

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