Pour une véritable police de proximité

Hier, lors de son grand oral devant les forces de sécurité intérieure, Emmanuel Macron a annoncé son projet de « police de sécurité du quotidien ». Alors qu’on aurait pu espérer une vision novatrice de la police de proximité, tirant les leçons des échecs passées, son propos s’est inscrit dans le cadre d’une vision essentiellement répressive de cette politique publique.


En définitive, il est clair qu’il ne s’agit en aucun cas de donner les moyens à une véritable police de proximité. D’ailleurs, le président a même cru bon d’ironiser sur la redéfinition du rôle des policiers pour être au plus près de la population : « ce n’est pas, comme on l’a parfois dénoncé, aller jouer au foot avec les jeunes ».

Pourtant, privés aujourd’hui de la légitimité que confère une relation durable avec des habitants, et la source de renseignements qu’elle constitue, les policiers paraissent uniquement chargés d’interventions ponctuelles rendues toujours plus dangereuses. Soumis à la politique du chiffre, depuis 2002, les policiers arborent un uniforme désincarné. 

Pour répondre aux attentes de sécurité des populations, il est primordial de mettre en place un « partenariat » permanent pour les policiers avec les élus et les collectivités territoriales, les associations de quartier, l’éducation nationale (primaire comme secondaire), les professionnels de santé, les commerçants, les bailleurs, et les transporteurs.

Par ailleurs, être en contact quotidiennement avec la population implique une aptitude à l’écoute et au dialogue, un équipement léger et un mode de déplacement simple : les patrouilles à pieds sont privilégiées, avec un recours si nécessaire aux vélos ou aux rollers.

De la pratique de l’îlotage à l’organisation d’opérations culturelles et sportives : le développement de la « polyvalence » de l’activité policière (en intégrant la réalité du quartier aux missions de prévention, dissuasion, répression et sanction propres au métier de policier) est une nécessité qui doit – bien à l’inverse des sarcasmes du gouvernement – être prise au sérieux.


Ainsi, une véritable police de proximité, arme du vivre ensemble, permettra également de lutter contre toutes les formes de discrimination, notamment en sensibilisant les populations aux questions de sécurité. Tel est le sens de la proposition de loi que notre groupe a déposé le 15 septembre dernier visant à réhabiliter la police de proximité. 

Les annonces d’Emmanuel Macron qui, nous l’espérons, seront revues à l’issue de son « large cycle de consultations » qui débutera lundi, nous renforce dans l’idée de mettre en débat notre proposition de loi qui sera examinée par le Sénat le 13 décembre prochain lors de notre ordre du jour réservé en Séance publique.

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