Tribunes libres

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Violence

Rapports sociaux -

Par / 16 octobre 2015

Editorial paru dans le n° 96 d’Initiatives.

Ces premiers jours d’octobre sont marqués par la violence.Il a fallu une chemise déchirée, des dirigeants bousculés pour que les médias découvrent soudainement la violence des rapports sociaux dans notre pays pour, bien entendu, entamer une campagne souvent hargneuse contre les syndicats et plus généralement, les salariés en lutte.

Lors de la séance de questions d’actualité du 7 octobre, j’ai rappelé au gouvernement, au Premier ministre, que cette violence devait être appréciée au regard de la grande violence sociale que subissent les salariés d’Air France : 15 000 suppressions de postes depuis 1998, avant l’annonce du nouveau plan avec 2900 licenciements. Cette violence sociale subie par le monde du travail depuis des années est une réalité bien dissimulée par ceux qui font l’opinion publique.

4 millions de chômeurs, plus de 12 millions en situation de précarité, la multiplication des plans sociaux, la fragilité des droits les plus élémentaires des salariés dans une situation de concurrence cruelle représente une violence d’une dimension sans commune mesure avec les déboires momentanés de tel ou tel DRH.

Combien de familles, de foyers sont plongés dans l’angoisse, l’inquiétude du lendemain, après la décision policée, feutrée, d’un conseil d’administration ou d’un patron dont le seul thermomètre n’a pour degré que le taux de profit, la rentabilité pour les actionnaires et certainement pas le bien-être de celles et ceux qui sont les moteurs de l’économie : les salariées et les salariés. Je l’ai affirmé à la tribune du Sénat, si l’action violente est une impasse pour ces derniers, il faut entendre la colère qui s’est exprimée et qui ressurgira sans nul doute à Air France ou ailleurs, si cette situation perdure.

MM. Valls et Macron n’ont eu de mots assez durs : « voyous », « stupides », à l’encontre de salariés appréhendés au petit matin comme s’il s’agissait de terroristes. Comment peut-on alors appeler des gens qui dilapident l’argent public par milliards, dizaines de milliards, par le biais du CICE par exemple ?

Cette niche fiscale coûte 20 milliards à la collectivité sans inversion de la courbe du chômage aucune. Nous n’employons pas les mêmes mots que MM. Valls et Macron, mais pour être polie, cette mesure est un non-sens économique et un cadeau incontestable au patronat. Comment appeler M. Combes, ce patron d’Alcatel Lucent qui espérait bénéficier de 14 millions de retraite chapeau, alors qu’il a massacré l’emploi dans ce qui fut l’un des fleurons industriels de notre pays ?

Ainsi, la violence, c’est aussi la violence économique, celle de décisions sur le plan gouvernemental, ou au niveau des entreprises, affirmant la domination d’une minorité sur l’ensemble de la société. Le libéralisme porte en lui la violence, la violence de la mise en concurrence des femmes et des hommes pour espérer bénéficier des miettes qui leur sont laissées, la violence de l’actionnariat qui porte en lui l’exploitation, source d’injustice et d’inégalités. Le libéralisme qui a porté la mondialisation financière sous la houlette de Ronald Reagan et Margaret Thatcher est cannibale, comme l’a récemment écrit avec force, Nicolas Hulot. Il dévore l’humanité.

La violence de la mondialisation financière menace la stabilité écologique. Cette violence contre l’environnement ne pourra être vaincue sans un nouvel ordre économique. Le stade ultime de la confrontation voulue, orchestrée par le libéralisme et les grandes multinationales qui l’imposent, c’est la guerre. Comment ignorer les jeux des puissances d’argent, l’impact de l’économie dans la conflagration qui se déroule sous nos yeux au Proche et Moyen-Orient et en Afrique, de la Libye jusqu’au Nigeria, avec sa cohorte de malheurs, d’horreurs.

Le libéralisme se nourrit de la dérégulation du bas, l’organisation de la société, jusqu’en haut, avec les désordres internationaux. À cette violence croissante, il faut oser, oui il faut oser rassembler toutes les énergies, toutes celles et ceux qui croient à l’humain d’abord, aux valeurs de solidarité, de justice et de paix, comme ces manifestants morts à Ankara au moment où je rédige ces lignes. Partout des voix s’élèvent, diverses, mais communes pour exiger un autre monde. Avec mon groupe, à notre humble niveau, je participerai à ce combat vital pour notre planète et celles et ceux qui la peuplent.

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