Tribunes libres

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Monsieur Macron, il faut interdire immédiatement les LBD

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Par / 15 mars 2019

Visages éborgnés, mains arrachées, corps martyrisés : depuis le 17 novembre et le premier acte des Gilets jaunes, l’utilisation par les forces de l’ordre des lanceurs de balles de défense est devenue le symbole le plus marquant des violences policières à l’encontre des manifestantes et des manifestants. Le bilan est d’ores et déjà terrible : au moins 1 700 blessés, parmi lesquels 94 blessés graves, dont 69 du fait des seuls tirs de ces LBD. 22 personnes au moins ont perdu un œil.

Après la répression des mouvements sociaux ces dernières années, nous assistons donc à une utilisation accrue de la force brute pour canaliser ou éteindre un mouvement populaire.

Nous, sénatrices et sénateurs du groupe CRCE, demandons au Président de la République l’interdiction immédiate de l’usage des LBD dans le cadre du maintien de l’ordre.

Le volume de tirs de ces armes dites intermédiaires atteint un niveau critique. Selon les chiffres donnés par le gouvernement lui-même, les forces de l’ordre, en particulier les unités de la police en civil, ont procédé à la date du 2 mars à 13 095 tirs de LBD, depuis le début du mouvement.

Le LBD 40, contrairement au Flashball, son prédécesseur, est classé arme de première catégorie, à l’instar des armes à feu et armes de guerre. L’impact d’une balle en caoutchouc dur de LBD à moins de dix mètres revient à recevoir un parpaing de vingt kilos lancé à un mètre. À quarante mètres, le choc représente l’équivalent de huit boules de pétanque sur le membre visé. Il s’agit donc bien d’une arme dangereuse, potentiellement létale et qui cause des blessures faisant l’objet d’une documentation étayée par de nombreux médecins.

Pourtant, le 7 mars dernier au Sénat, une majorité a rejeté avec l’accord du gouvernement notre proposition de loi visant à interdire l’usage des LBD dans le cadre des opérations de maintien de l’ordre. Nous considérons qu’il est de notre responsabilité de parlementaires, d’élu.e.s de la nation porteurs des intérêts du peuple, de poursuivre ce combat en vous proposant de signer cette pétition.

Nous dénonçons, avant toute chose, ce pouvoir qui, pour imposer sa politique libérale, rejetée massivement par la population fait usage de la force. Nous l’affirmons, avec fermeté et solennité, seule une réponse politique ramènera la sérénité et certainement pas la répression.

Nous refusons la banalisation actuelle de blessures très graves, des blessures qui atteignent aussi la République de plein fouet. Notre pays peut-il accepter encore ces scènes sanglantes ? Nous demandons l’arrêt immédiat de l’usage des lanceurs de balles de défense, pour cause de santé publique et d’atteintes graves à l’intégrité physique des manifestantes et des manifestants.

Nous voulons ensuite une plus grande transparence des données relatives à l’usage des armes. Sans le travail des journalistes et spécialistes sur la question, nous ne disposerions d’aucun chiffre fiable – l’exécutif ayant attendu des semaines – sur l’utilisation de ces armes. Le pouvoir minimise aujourd’hui encore le nombre de blessures causées. Or le manque de transparence du pouvoir nuit autant à notre démocratie qu’à l’analyse de la situation.

Enfin, il est temps de mener une réflexion poussée sur notre doctrine de maintien de l’ordre et de formation des forces de sécurité. Nous souhaitons que s’engage à cet égard une réflexion à long terme : nous proposons que le Gouvernement remette au Parlement un rapport détaillé et documenté sur les stratégies de désescalade et de pacification à mettre en œuvre dans le cadre du maintien de l’ordre. Nous pouvons nous appuyer sur de nombreux exemples européens pour revoir notre doctrine actuelle, préjudiciable au droit fondamental de manifester.

MM. Castaner et Nunez, droits dans leurs bottes, restent hermétiques pour l’instant à cette démarche d’apaisement et de bon sens.

Il faut donc dire « stop » au LBD 40. C’est une mesure d’urgence. Même si la doctrine d’emploi de cette arme et son encadrement juridique sont précis, les conditions de son utilisation demeurent sujettes à caution. Son usage est circonscrit en théorie, mais cela, non plus que le caractère d’absolue nécessité, n’est vérifié en pratique ni par les manifestantes et les manifestants ni par les journalistes présents. Stopper les LBD 40, permettra d’engager la réflexion sur l’utilisation d’armes dangereuses comme les grenades, en particulier le modèle GLI.-F4.

Les ordres donnés, la désorganisation et le manque de formations sont, pour une bonne part, à la source des difficultés. Il ne s’agit pas pour nous de mettre en cause collectivement les fonctionnaires de police, qui, la plupart du temps et majoritairement, sont piégés entre la colère née des exigences insatisfaites des manifestantes et des manifestants et les ordres venus d’en haut, le tout dans un climat d’épuisement.

Interdire les LBD 40 et changer de doctrine de maintien de l’ordre, c’est agir pour l’apaisement entre force de l’ordre et manifestantes et manifestants, victimes ensemble de la surenchère sécuritaire.

Nombreuses et nombreux sont celles et ceux qui se mobilisent aujourd’hui pour dénoncer les conditions d’usage et les répercussions du LBD 40. Le Défenseur des Droits, M. Jacques Toubon, recommande d’interdire l’usage des lanceurs de balles de défense dans le cadre d’opérations de maintien de l’ordre, quelle que soit l’unité susceptible d’intervenir ; il demande la suspension de l’emploi de cette arme dans les manifestations à venir. Le préfet de police de Paris a lui aussi préconisé l’abandon de cette arme.

Devant les ravages massifs causés par cette arme depuis le début du mouvement des Gilets jaunes, des soignantes et des soignants se mobilisent également. Le professeur de neurochirurgie Laurent Thines a ainsi lancé une pétition demandant un moratoire sur l’utilisation du LBD qui a recueilli à ce jour 170 000 signatures. Et des ophtalmologues de renom se sont directement adressés à Emmanuel Macron pour lui faire la même demande. Notre pétition vient en appui à toutes ces initiatives.

Le 14 février, des experts de l’ONU ont dénoncé l’usage excessif de la force lors des manifestations. Le Conseil de l’Europe et sa commissaire aux droits de l’homme ont suivi. Récemment, c’est Michelle Bachelet, haut-commissaire des Nations unies, qui a exigé une enquête approfondie sur tous les cas rapportés d’usage excessif de la force dans notre pays.

Il est grand temps de mettre fin à cette effroyable violence d’État contre nos concitoyennes et nos concitoyens. Il est grand temps de stopper la dérive actuelle et de restaurer l’image qui doit être celle de la France : la patrie des libertés et des droits de l’homme.

Nous, signataires de cette pétition, demandons à Emmanuel Macron de décider immédiatement l’interdiction des LBD 40 dans le cadre du maintien de l’ordre.

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