Tribunes libres

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La République, le marché et la loi Macron 

Editorial -

Par / 13 mars 2015

Editorial par dans le n° 93 d’Initiatives.

La violence des 7, 8 et 9 janvier, l’assassinat de nos amis de Charlie Hebdo, de policiers et de nos concitoyens de confession juive, a relancé le débat sur l’état de notre République, de notre société et sur la réalité des principes fondateurs de Liberté, d’Égalité, de Fraternité. La formidable mobilisation du 11 janvier, imposante réaction calme et déterminée à la haine, à la barbarie a rappelé l’attachement de beaucoup à la solidarité, au vivre ensemble, à la paix. Dans un élan d’unité nationale, beaucoup se sont accordés pour dire que rien ne pouvait plus être comme avant, qu’il fallait prendre à bras-le-corps les problèmes de la société française et en particulier ceux des quartiers populaires.

Comment un pays comme la France peut-il générer des comportements tels que ceux de ce terrible mois de janvier ? Le bel unanimisme du constat s’est vite heurté à l’exigence de mesures et de moyens humains et financiers. Les sommes débloquées par le gouvernement pour l’école, pour les quartiers sont à mille lieues des besoins nécessaires pour faire vivre l’égalité dans notre pays. En matière de sécurité, préoccupation légitime des populations souvent les plus défavorisées, soumises aux incivilités et aux atteintes aux biens et aux personnes, une nouvelle politique de sécurité de proximité, au service de la population, n’est toujours pas à l’ordre du jour. Certains commentateurs s’étonnent aujourd’hui de la disparition de cet « esprit du 11 janvier ».

Comment un tel esprit de solidarité aurait-il pu s’instaurer durablement alors que la politique menée n’a pas bougé d’un iota, alors que l’austérité, la réduction des dépenses publiques sous le strict contrôle de Bruxelles, demeurent l’alpha et l’oméga ? C’est une question fondamentale : le libéralisme, c’est-àdire, car il faut appeler un chat un chat, une forme de capitalisme débridé, peut-il accepter un sursaut national fraternel et égalitaire ? Le libéralisme est-il compatible avec l’idée de développement du service public ; avec celle du plein emploi, de l’éducation et de la culture pour tous ? L’éducation, la formation citoyenne et professionnelle sont, selon moi, au coeur de la problématique. Une autre politique économique et sociale doit être imaginée pour répondre à la crise profonde qui traverse notre pays. François Hollande et son gouvernement sont écartelés entre l’affichage des principes souvent affirmés à coups de menton par Manuel Valls et la triste réalité de leur soumission au marché, à la mondialisation financière.

Le débat autour du projet Macron illustre parfaitement cette terrible contradiction entre le discours et les actes, contradiction qui mène le pouvoir à une perte qui apparait inéluctable au profit de la droite et également de l’extrême droite qui récupèrent sans difficulté l’immense déception du 6 mai 2012. 3 Le projet de loi Macron prend à contrepied les idéaux républicains d’égalité, de solidarité et de progrès. Il vise à déstructurer la société française. La cohérence de ce texte, c’est la dérégulation, la dérégulation économique, la dérégulation sociale. La réduction des fractures de la société française, objectif affiché par MM. Hollande et Valls, peut-elle se faire par la généralisation du travail du dimanche et de nuit, la restriction du droit des salariés, les privatisations tous azimuts (aéroports, industrie d’armement), la libéralisation du transport de voyageurs, le développement des actions gratuites, l’exacerbation de la concurrence dans le domaine du logement ? Certainement pas !

Ces quelques points parmi les 300 articles de ce vaste chantier de casse sociale s’opposent fondamentalement à l’idée d’une transformation de la société permettant au concept de vivre ensemble de ne pas demeurer une coquille vide. Le projet relatif à la croissance et à l’activité d’Emmanuel Macron vise à la croissance des profits et bénéfices de l’actionnariat pour le plus grand plaisir du Medef. C’est là son objectif unique, à peine masqué. Pour monsieur Macron tout est bon pour le capital, alors il ratisse tous les secteurs échappant à la voracité financière.

En revanche, ce projet de loi ne comporte aucune mesure pour diriger l’argent, et il y en a en France, vers la production industrielle, vers l’emploi. Pas une mesure ne vise à contraindre les banques à utiliser leurs fonds colossaux pour le bien-être collectif plutôt que d’inonder les paradis fiscaux par le biais de circuits toujours plus occultes comme l’a encore souligné récemment le scandale SWISSLEAKS. Les sénatrices et sénateurs du groupe CRC vont batailler ferme dans les jours et semaines à venir pour opposer à ce texte, qui est un véritable recul de civilisation, de vraies solutions de gauche. J’appelle chacun et chacune à se saisir de ce projet écrit par le marché et pour le marché, à l’étudier, à populariser son contenu réel et à le combattre de manière déterminée. 

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