dossier Covid-19 : les politiques libérales en accusation

Peut-on lutter efficacement contre la pandémie de covid-19 avec des méthodes fidèles aux dogmes libéraux, alors que ceux-ci ont précisément conduit à méconnaître la crise puis à l’aggraver, notamment en affaiblissant la recherche et le service public hospitalier ? Pour le gouvernement, la réponse est oui, comme en témoignent sa gestion de la crise et plus particulièrement les dispositions de la loi de finances rectificative et les mesures de l’état d’urgence sanitaire, entré lui en vigueur le 24 mars, qu’il a fait adopter par le Parlement. Pour les membres du groupe CRCE, la réponse est en revanche négative. Ils se sont donc abstenus lors du vote de cette loi de finances rectificative et se sont prononcés contre les mesures d’urgence proposées par Emmanuel Macron : pleins pouvoirs au gouvernement pendant deux mois, sans contrôle ou presque ni vote du Parlement ; dérogations injustifiées au droit du travail en matière de congés, de repos hebdomadaires et dominicaux ; mais refus de mettre à contribution les ménages les plus riches et les actionnaires.

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Les communiqués de presse

Retrouvez ici l’ensemble des communiqués de presse publiés par les élus du groupe CRC.

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Une mesure nécessaire qui doit se poursuivre après l’urgence sanitaire

Prolongation de la trêve hivernale -

Par / 30 mars 2020

Alors que les procédures d’expulsions locatives auraient dû reprendre leur triste ballet au 1er avril prochain, le gouvernement a fait le choix au regard de la grave crise sanitaire, sociale et économique liée à l’épidémie de Covid 19 de prolonger de deux mois la trêve hivernale ainsi que les interdictions des coupures d’électricité et d’eau. Cette prolongation apparaît de bon sens tant il serait absurde aujourd’hui de venir renforcer les rangs trop nombreux des sans-abris, de l’ordre de 200 000 personnes dans notre pays, et des mal-logés de l’ordre de 4 millions de personnes souffrant notamment de surpeuplement ou de logements indignes.

Aujourd’hui, les sans-abris et les mal-logés subissent de plein fouet les conséquences de cette crise et figurent parmi les publics particulièrement vulnérables. Les sénatrices et sénateurs du groupe CRCE sont d’ailleurs extrêmement inquiets de leur situation alarmante et ils demandent que tout soit fait pour mettre à l’abri ces personnes, que les associations qui les accompagnent soient soutenues et que des directives soient données au préfet pour mettre en place un plan de protection allant jusqu’à la réquisition de bâtiments publics. A l’heure, la rue est devenue un espace interdit pour ne pas propager le virus, il ne faut pas oublier qu’elle est malheureusement la maison d’un trop grand nombre de nos concitoyens.

Ne pas reprendre les expulsions locatives des familles pour lesquelles les difficultés économiques vont être aggravées par l’arrêt d’activité, est une exigence sociale incontournable pour préserver la santé de ces personnes. Pour autant, les sénatrices et sénateurs du groupe CRCE ne perdent pas de vue qu’il n’y a pas de période où ces pratiques deviendraient plus acceptables. Jeter à la rue des familles entières provoquant des traumatismes inouïs ainsi que des difficultés majeures dans l’apprentissage des enfants doit de toute urgence cesser, conformément aux engagements que la France a pris dans les traités internationaux et pour respecter le droit qu’elle a elle-même édictée depuis plus de dix ans, le droit au logement opposable.

Les sénatrices et sénateurs du groupe CRCE demandent donc au Gouvernement et au Parlement, de se saisir de la proposition de loi qu’ils ont déposée, il y a plusieurs années. Cette proposition de loi visait ainsi à interdire le recours, par le préfet, à la force publique dans une procédure d’expulsion locative décidée en justice, lorsque la personne visée par cette procédure et qui ne serait pas en mesure d’accéder à un logement par ses propres moyens ou de s’y maintenir, n’a pas obtenu de proposition de relogement adaptée à ses besoins et à ses capacités.

Le redressement de notre pays, après cette crise majeure, ne pourra se faire qu’en prenant résolument le contre-pied des politiques libérales en vigueur qui ont conduit au mal logement et au renforcement des exclusions. L’État devra reprendre la main pour sortir ce secteur des griffes de la financiarisation et de la spéculation qui a conduit à ralentir l’effort de production sociale, faute de crédits publics, et à produire du logement toujours trop cher pour les classes populaires. Le respect des droits humains et notamment celui du logement, devra redevenir notre boussole commune.

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