Dans le département

Dîner annuel de l’Union des Associations Musulmanes de la Seine-Saint-Denis

Par / 18 novembre 2005

Monsieur le Préfet,

Monsieur le Président de l’UAM,

Monsieur le Président du Conseil général,

Monsieur le Maire de Bobigny,

Mesdames Messieurs les Présidents des associations locales,

Mesdames et Messieurs les élus,

Mesdames, Messieurs,

Chers Amis,

Tout d’abord permettez moi au nom de tous les communistes de la Seine Saint-Denis de vous présenter nos meilleurs vœux de l’Aïd El Fitr, fête qui marque l’accomplissement de la période du jeun pendant le mois béni du Ramadan.

Madame Marie-George Buffet m’a demandé de bien vouloir l’excuser mais vous adresse également tous ses vœux.

Votre cérémonie de ce soir se déroule après que la Seine Saint-Denis a vécu une vague d’évènements comme rarement nous en avons connu.

Beaucoup d’acteurs sociaux, syndicaux, politiques, religieux et associatifs s’accordent sur les causes de ces violences.

Leurs racines sont profondes : ce sont les violences faites à toute une population, à tout un territoire depuis maintenant plus de 30 ans.

C’est l’expression d’un malaise profond d’une société en crise où d’un côté les riches sont de plus en plus riches et de l’autre, les pauvres de plus en plus pauvres et, qui plus est pour nombre d’entre eux, stigmatisés, discriminés, rejetés, relégués.

La mort terrible d’un jeune cet été à la Courneuve, puis celle de deux adolescents à Clichy, sont les drames qui ont mis le « feu aux poudres ».

Les propos indignes d’un homme d’Etat sur la racaille, sur la karchérisation de quartiers sont autant d’insultes, de claques à tout un département et notamment à sa jeunesse

Bien évidemment les formes qu’a choisies une partie de la jeunesse pour dire son désespoir et son manque de reconnaissance ne sont pas acceptables et les communistes les ont condamnées.

Il reste cependant que le pays vit maintenant à l’heure d’un état d’urgence seule réponse concrète apportée aux problèmes des quartiers populaires.

Le calme semble être revenu, mais sommes-nous sûrs que la violence ne couve pas encore sous les cendres ?

Ne faudrait-il pas que certains modèrent leur propos pour prendre le chemin de l’apaisement plutôt que d’en rajouter ?
A la violence aveugle, il faut opposer et imposer l’écoute, le dialogue, la prise de responsabilités des populations dans ce qui se vit et se décide localement et nationalement.

C’est ce qu’ont su faire nombre d’élus dans notre département comme ont su le faire nombre de responsables d’organisations et d’associations comme la vôtre.

Ensemble, y compris avec Monsieur le Préfet de la Seine Saint Denis et ses services nous avons contribué par notre attitude, notre sens des responsabilités, notre présence physique jour et nuit, notre sens du dialogue et du respect à ce que le calme revienne.

Pourtant, je dois vous le dire : c’est vrai, il est inadmissible qu’aucun haut représentant de l’Etat n’ait présenté d’excuses à la communauté musulmane après le jet d’une grenade dans une mosquée à l’heure de la prière.

Oui, en tant que communiste, pétrie de laïcité, je trouve cela frappé du sceau de l’indignité.

Selon moi, la laïcité a un sens bien précis : elle doit s’accompagner du respect de tous pour pouvoir s’engager d’un renouveau de la citoyenneté.

Pour cela, la mixité de notre société, l’unité du peuple de France, l’universalité de l’humanité doivent se bâtir sereinement et non en prétextant vouloir se protéger d’un quelconque ennemi. Cela exige de rechercher ce qui nous fait semblables sans occulter ce qui nous différencie pour vivre ensemble pleinement.

Pour cela il faut combattre tout ce qui porte atteinte à la dignité de l’individu, ce qui l’angoisse, ce qui l’agresse, ce qui provoque des situations d’affrontement. En ce sens, notre République doit lancer des signes forts en commençant par le lieu des savoirs, celui de l’apprentissage de la citoyenneté c’est-à-dire l’école.

Vous imaginez bien combien je suis consternée devant les propos de Madame CARRERE D’ENCAUSSE qui ose considérer que la violence a pour cause la polygamie. Ces propos me font honte parce que cette personne injurie mon pays et sa culture.

Affirmer des inepties de cette nature, c’est attiser la haine. C’est montrer du doigt des gens ou plus exactement des catégories de gens ; c’est identifier une partie des musulmans comme étant irresponsables et indésirables.

Nous ne pouvons l’admettre. La cause des violences, ce n’est pas l’Islam, c’est le chômage, la ségrégation, la mal vie, l’injustice, l’échec scolaire, ... c’est ce qui est vécu par des dizaines de milliers de familles de notre département quelque soit leurs origines, leurs croyances, leurs philosophies.

Chers Amis, je ne voudrais pas ce soir, soir de fêtes, ternir la joie de chacun par trop de noirs propos mais je voulais vous exprimer aussi ma colère et mon espoir, espoir que chacun puisse vivre sa vie dignement, que chacun s’épanouisse, que le rêve soit accordé à la population pour formaliser des réalités à venir.

Chers amis, je vous renouvelle mes vœux, des vœux de paix, de justice, de dignité et d’émancipation.

Et, permettez à la fille d’un algérien aujourd’hui disparu mais qui de son vivant était un fervent musulman de vous dire ce soir :

aïd mabrouck !

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